La commune, le pilotage municipal
Une municipalité peut assurer, en régie directe, la gestion d’activités ou de locaux à destination des jeunes ; elle est alors l’employeur de l’équipe d’animation. On observe actuellement une tendance à municipaliser les services éducatifs, ce qui permet de rendre directement opérationnel le projet politique.
Avantages :
Lien direct entre le professionnel et le « décideur » (la collectivité). Le plus souvent statut de la fonction publique pour le professionnel. L’animateur connaît le budget alloué à son service ; il peut adapter ses actions en fonction de cette connaissance (régie + bon de commande)
Inconvénients :
Temps de décision (passage obligatoire par la commission jeunesse et le conseil municipal). Décalage entre les temps administratifs et décisionnels d’une part et le temps des jeunes d’autre part. Risque de faible participation des usagers que sont les jeunes et les parents et de perte d’indépendance d’esprit, de créativité voire de repli sur les frontières communales.
La communauté de communes, le pilotage intercommunal
Les communautés de communes sont amenées à porter des projets éducatifs en direction des enfants et des jeunes. Les EPCI « à fiscalité propre » (communautés urbaines, communautés d’agglomérations, communautés de communes) peuvent se saisir de la compétence « jeunesse » et devenir, au même titre qu’une municipalité, organisateur d’une politique de jeunesse. Mais l’échelon communal étant lui aussi pertinent sur ce thème, les débats sont longs et complexes avant que la compétence « jeunesse » ne devienne intercommunale. A défaut d’une compétence jeunesse déléguée et reconnue à la communauté de communes, il est possible
d’assumer un projet pour les 11-25 ans dans le cadre d’un syndicat de communes. Il peut être à vocation unique (SIVU) ou à vocation multiple (SIVOM). En tout état de cause, dans le cadre de leur compétence universelle, des communes peuvent se saisir de ces questions, se regrouper et travailler en intercommunalité, même si la compétence n’a pas été formellement transférée : « on a le droit de coopérer, on a le droit de s’associer entre communes ».
Avantages :
Mettre en commun des moyens financiers, développer des projets plus ambitieux et dynamiques, favoriser une plus grande accessibilité pour les usagers aux services, assurer une meilleure couverture du territoire. Travailler en réseau au niveau d’un territoire ; sortir l’animateur de son isolement ; prendre en compte les mobilités des jeunes, favoriser l’implication collective dans un projet politique jeunesse.
Inconvénients :
Si le projet n’est pas défini collectivement et sur la base d’un diagnostic, nous ne sommes plus dans la « mutualisation » des services et des moyens, mais dans la volonté de chaque commune d’avoir tous les services chez soi. (« esprit de chapelle », voire « guerre de clochers »). Le projet nécessite toujours un ancrage territorial, et des modalités de pilotage communal. Des difficultés peuvent surgir dans les prises de décision si la compétence jeunesse n’est pas clairement établie dès le début.
L’association, le pilotage associatif
Une association loi 1901, dans le cadre de son projet associatif, peut constater l’émergence de besoins chez les adolescents, les jeunes adultes, ou les parents, et s’organiser pour porter une démarche, une ou des actions qui visent à répondre à ces besoins. L’association devra, le plus souvent, devenir employeur pour organiser son activité. Elle pourra être issue d’un territoire local, communal ou intercommunal, et poursuivre ses propres finalités. Elle pourra également se fédérer à un mouvement d’éducation populaire, afin d’asseoir son action sur une tradition et une philosophie éducative, de bénéficier de soutiens techniques, de formation, d’aide à la réflexion. Il est à noter que des associations peuvent solliciter un agrément d’éducation populaire auprès des Services Départementaux de la Cohésion Sociale1, voire un agrément en qualité de centre social auprès de la Caisse d’allocations familiales, si le projet s’adresse non seulement à la jeunesse mais aussi à toute la population d’un territoire.
Avantages :
prise de décision plus rapide et plus simple (vis-à-vis du fonctionnement municipal). Lien « plus direct » avec la population et les jeunes puisqu’ils peuvent être membres ou adhérents de l’association et participer à l’élaboration et au suivi du projet ; les jeunes ont une perception positive de la vie associative et de son indépendance. Les adhérents, parfois anciens utilisateurs, peuvent être la mémoire de la structure et du territoire ; cela permet une certaine continuité et une cohérence dans le projet. La collectivité est un partenaire et non un supérieur hiérarchique (l’association peut même avoir un rôle de « poil à gratter » vis-à-vis de la municipalité). Ce fonctionnement témoigne de la vitalité démocratique des territoires, et apporte une reconnaissance de la valeur ajoutée apportée par les associations. Elle facilite souvent la participation de la population. L’accès à des subventions, des financements privés et l’autofinancement par les projets des jeunes sont également plus faciles à organiser.
Inconvénients :
l’articulation entre professionnels et bénévoles peut s’avérer difficile dans l’association à partir du moment où celle-ci recrute un ou plusieurs professionnels ; elle peut avoir ensuite du mal à trouver des bénévoles actifs. Sentiment parfois « illusoire » d’autonomie de l’association vis-à-vis de la municipalité lorsque la municipalité est le seul financeur, et diminution progressive des soutiens financiers. Risque de confusion entre les salariés associatifs et les personnels municipaux.