“Les filles du coin” : Enquête sur les jeunes femmes en milieu rural

Aujourd’hui « les classes populaires rurales sont prises entre deux feux discursifs qu’elles soient méprisées et stigmatisées (misérabilisme) ou vantées comme l’incarnation d’un “vrai peuple” (populisme) par opposition aux groupes sociaux populaires urbains » (Coquard, 2015, p. 19). C’est dans ce contexte que s’est déroulée cette recherche. Dans un moment où l’on parle encore de « la jeunesse rurale » (dans ce cas homogénéisée), comme pour l’opposer aux jeunes urbains de milieux populaires, avec lesquels pourtant ils et elles partagent des conditions matérielles d’existences relativement proches. Pourtant, la jeunesse rurale n’est ni le reflet d’une société paysanne ni une jeunesse agricole, elle est bien moins visible que la jeunesse urbaine et semble devoir forcément regarder vers la ville pour vivre sa jeunesse : sortir, faire du sport, consommer, faire ses études… trouver du travail. Elle présente avant tout des caractéristiques populaires et ouvrières (Coquard, 2015 ; Gambino, Desmesure, 2014) et apparaît moins bien considérée que celle des espaces urbains : « Les jeunes ruraux, lorsqu’ils sont pris en considération (et qu’ils ne sont pas perçus uniquement comme des “ploucs”) apparaissent comme le négatif de leurs homologues urbains : moins formés, moins cultivés… » (Renahy, 2010, p. 19.) Pour autant, même si les jeunes vivant dans les milieux ruraux continuent de se décrire comme différents des jeunes urbains, et que leur mode de vie s’est recentré autour d’un standard urbain (Escaffre et al., 2008), vivre et grandir « loin » des grandes villes a gardé ses spécificités.

https://injep.fr/wp-content/uploads/2019/10/rapport-2019-07-Filles-du-coin.pdf

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